3/18/2006

toujours

Sur un trottoir, pour quelques secondes, en pleine ville, aucune voiture ne passe, aucun bruit. Devant un magasin, tourné vers l'écran, l'œil regarde, l'oreille n'a rien à entendre. Et l'esprit s'inquiète. C'est là que ça s'agite et ici rien? Et la parole retourne à l'inintelligible, l'image à l'innommable, au dédoublement rogné de la vie, au scénario clos du probable jamais atteint, aux mouvements inquiets des premiers instants indéchiffrables et sitôt engloutis dans un esprit sans mémoire.

Les pas s'en vont. L'image que personne ne regarde plus se disloque encore en d'autres images. Marcher. Encore marcher: disparaître du monde. Laisser en arrière des fragments, des bribes. Les abandonner, aux autres, qui eux-mêmes les laisseront se dissiper. Retombées, constructions qui s'affaissent , images, humus du souvenir , informes, exactement ce qu'elles doivent être: indéfiniment méconnaissables et brouillées.